C’est prouvé : les chevaux comprennent nos expressions de visage !
Un groupe de chercheurs de l’université du Sussex (Grande-Bretagne) vient de publier ce 10 février les résultats d’une étude démontrant que les chevaux comprennent nos expressions faciales, et y réagissent. Nous nous en doutions depuis longtemps, mais cette étude vient confirmer que le cheval est un puissant miroir de nos émotions.
Publiée dans Biology Letters le 10 février, cette étude a porté sur 28 chevaux auxquels des photographies de personnes joyeuses ou en colère étaient présentées. Les chercheurs ont observé leur regard et mesuré leur rythme cardiaque pendant 30 secondes, démontrant sans ambiguïté l’existence de réponses physiologiques. En d’autres termes, les chevaux décryptent nos émotions malgré la barrière de l’espèce… ils comprennent au moins celles de la joie et de la colère.
Et il n’y a là rien d’étonnant : une étude très similaire avait été menée par des chercheurs de l’université d’Oakland (Californie) sur des chats, puis publiée à la fin de l’année 2015, prouvant que nos félins de salon comprennent eux aussi très bien les expressions faciales humaines… même s’ils n’y répondent pas forcément.
Le 13 janvier de cette année, au tour des chiens de démontrer la même aptitude, d’après une étude également publiée dans Biology Letters, utilisant le même protocole de recherche. Cette faculté semble donc assez largement partagée chez les animaux domestiques, qui vivent dans
Peut-on employer le mot d’ « empathie » ? Dans la mesure où il n’est pas (pas encore) démontré que les chevaux puissent « se mettre à notre place pour ressentir nos émotions », non… mais nous en sommes extrêmement proches ! Il suffirait de prouver que les chevaux ressentent une émotion similaire à la notre lorsqu’ils nous voient heureux ou en colère. Ce n’est que la prochaine étape théorique…
28 chevaux ont donc été étudiés par les psychologues de l’Université du Sussex, face à des photos d’expressions faciales humaines positives (joie) et négatives (colère), de personnes qu’ils ne connaissent pas. Lorsqu’ils avaient affaire à un visage en colère, les chevaux regardaient davantage de l’œil gauche, une attitude associée à la perception de stimuli négatifs. Leur fréquence cardiaque a également augmenté, et ils ont démontré divers comportements liés au stress. Ces résultats indiquent que les chevaux ont une compréhension fonctionnelle pertinente des visages en colère qu’ils voient : l’effet des expressions faciales sur la fréquence cardiaque n’avait jamais été observé auparavant dans des interactions entre les animaux et les êtres humains.
Amy Smith, la doctorante qui a codirigé l’étude, explique que « ce qui est vraiment intéressant dans cette recherche, c’est qu’elle montre que les chevaux ont la capacité de lire les émotions malgré la barrière des espèces. Nous savions depuis longtemps que les chevaux sont une espèce socialement sophistiquée, mais c’est la première fois que nous voyons qu’ils peuvent faire la distinction entre les expressions faciales humaines positives et négatives. La réaction aux expressions du visage en colère a été particulièrement claire.
Il est intéressant de noter que les chevaux ont eu une réaction forte aux expressions négatives mais moins aux positives. Peut être parce qu’il est particulièrement important pour les animaux de reconnaître les menaces de leur environnement. Dans ce contexte, la reconnaissance des visages en colère peut agir comme un système d’alerte, permettant aux chevaux d’anticiper le comportement humain négatif comme une manipulation brutale ».
Autrement dit, si l’on s’avance vers un cheval avec les sourcils froncés et la moue à la bouche, celui-ci comprend parfaitement nos (mauvaises) intentions !
Karen McComb, co-auteur principale de la recherche, a déclaré qu’« il y a plusieurs explications possibles à ces résultats. Les chevaux ont pu adapter leur capacité ancestrale pour la lecture de signaux émotionnels chez d’autres chevaux afin de répondre de façon appropriée aux expressions faciales humaines au cours de leur co-évolution. Sinon, les chevaux peuvent avoir appris individuellement à interpréter les expressions humaines au cours de leur propre vie. Ce qui est intéressant, c’est que l’évaluation précise d’une émotion négative est possible à travers la barrière des espèces en dépit de la différence spectaculaire dans la morphologie du visage entre les chevaux et les humains. La conscience émotionnelle est susceptible d’être très importante chez des espèces très sociales comme les chevaux ».
Cette recherche fait partie d’un projet en cours sur la conscience émotionnelle chez les chevaux, qui est financé par le Leverhulme Trust et l’Université du Sussex.
Empathie cognitive, empathie affective
Le terme « empathie » recouvre deux notions : l’empathie affective (la capacité à ressentir l’émotion de l’autre) et l’empathie cognitive (la compréhension de l’émotion de l’autre). Par exemple, les personnes autistiques sont limitées (ou dépourvues) en empathie cognitive, mais ont de l’empathie affective… alors que les personnes psychopathes n’ont pas d’empathie affective, mais une empathie cognitive souvent supérieure à la moyenne.
Nous savons désormais que le cheval fait preuve d’empathie cognitive (d’une compréhension consciente des émotions de l’être humain qui entraîne des réactions physiologiques), il reste à explorer scientifiquement une éventuelle empathie affective… déjà largement découverte et commentée parmi les « équithérapeutes » et les « équiciens ». Les écuyers de spectacle et plusieurs grands cavaliers ont par ailleurs déjà remarqué que le cheval repère très finement si l’on est content de lui ou pas !
Mesurer scientifiquement l’empathie affective est malheureusement beaucoup plus complexe que de déterminer l’existence d’une réponse physiologique du cheval à une photo.