Le cheval est capable de lire nos émotions
Si les chercheurs se penchent sur la question de la communication entre l’humain et l’animal depuis une vingtaine d’années, les recherches sur la communication émotionnelle inter-espèce sont bien plus récentes.
Il est désormais acquit de (presque) tous que l’homme est capable de d’entretenir des liens très forts avec un cheval et que cette relation prend une place de plus en plus centrale dans notre équitation moderne. En témoigne l’intérêt grandissant pour les méthodes dites « éthologiques » qui mettent le comportement du cheval et les interactions avec ce dernier au centre du travail.
L’étude du comportement du cheval a été popularisée dans les années 90/2000. C’est notamment, voire surtout, le film L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux qui participé au développement spectaculaire de l’équitation éthologique. D’abord l’apanage des cavaliers issus de l’équitation western, l’éthologie a rapidement conquis les cavaliers occidentaux. Depuis, de nombreux cavaliers professionnels ont intégré les techniques éthologiques à leurs méthodes classiques. On pense par exemple au cavalier italien Luca Moneta qui travaille ses chevaux selon la méthode Parelli, ou encore à Michel Robert qui fut l’un des premiers en France à utiliser et démocratiser le « licol éthologique ». Le vice-champion du monde Patrice Delaveau confie lui aussi apprécier longer ses chevaux avec le licol éthologique.
Invitée sur le plateau de l’émission Thé ou Café, dimanche dernier sur France 2, la meilleure cavalière du monde, la Française Pénélope Leprévost est revenue sur sa relation avec ses chevaux. « Les gens disent que les femmes sont plus maternelles avec leurs chevaux. En tout cas moi, j’aime créer un lien spécial avec eux. Si mes chevaux parlaient, je crois qu’ils diraient qu’ils sont heureux avec moi, j’en suis profondément certaine » affirme la cavalière de 35 ans. « Le plus important en équitation est la relation cheval-cavalier, c’est d’être en phase. Il y a des parcours où l’on n’a même pas besoin de dire où est l’obstacle au cheval, il a déjà deviné », poursuit-elle.
Une étude publiée cette semaine par une équipe de psychologues de l’Université de Sussex confirme ce lien supposé entre le cavalier et le cheval et assure que celui-ci est capable de lire nos expressions faciales et donc nos humeurs.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont montré à 28 chevaux des photographies représentant différentes expressions. Chaque photo a été montrée aux chevaux 30 secondes durant lesquelles les chercheurs ont observé et analysé les réactions des équidés.
Face à un cliché montrant un homme exprimant une émotion négative, ils ont constaté que le rythme cardiaque des chevaux augmentait de manière significative. Dans ces cas-là, le cheval continuait à fixer la photo mais avec son seul œil gauche. Ce qui souligne une activité de l’hémisphère droit de leur cerveau, celui qui gère les émotions négatives. A contrario, face à une image suggérant une émotion positive, les chevaux regardaient de face la photo.
L’intérêt de cette étude est qu’elle met en lumière la capacité exceptionnelle qu’ont les chevaux de lire les émotions en dépit de la barrière de l’espèce. Amy Smith, la doctorante qui a codirigé l’étude publiée dans le revue The Royal Society s’explique : « Nous savions depuis longtemps que le cheval est une espèce socialement sophistiquée, mais c’est la première fois que nous voyions comment elle fait la distinction entre les expressions faciales humaines positives et négatives. »